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Les CPTS doivent permettre de peser localement

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Le Docteur Bernard Giral est médecin généraliste à Fontvieille depuis 46 ans. Pour rendre le territoire où il exerce plus attractif, il décide de créer avec d’autres professionnels de santé une maison de santé pluri-professionnelle, puis dans la suite logique, la CPTS du Pays d’Arles.

À l’apparition de la crise sanitaire, la communauté du Pays d’Arles, initiée par le Dr Bernard Giral avec ses coéquipiers, était en passe de signer son Accord Conventionnel Interprofessionnel (ACI) avec l’Assurance Maladie afin de les aider à accompagner, soigner et suivre les 170 000 habitants des 29 communes du territoire.

Avec très peu de cas Covid détectés durant la crise, l’équipe a fait son baptême du feu avec l’apparition d’un cluster au moment du déconfinement. Des travailleurs agricoles saisonniers, non testés à leur entrée sur le territoire français, présentaient de nombreux symptômes du virus. La CPTS du Pays d’Arles, identifiée comme interlocutrice santé sur le territoire, a rapidement été alertée.

Pour se coordonner dans la prise en charge de ces personnes, la réactivité était l’enjeu majeur. Ainsi, après une visite sur place avec le préfet, Bernard a rapidement interpellé les communautés de communes, la sous-préfecture, l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF), la Mutualité Sociale Agricole et la Croix Rouge et a réunis, en 48 heures, tous ces acteurs.

Grâce à cette coordination prompte et efficace, en quelques jours ces personnes ont été placées dans des logements décents, séparées des personnes suspectées de Covid, et protégées au niveau social. Au total, Bernard a délivré 330 arrêts maladie en deux jours pour leur permettre de rester en sécurité.

Au-delà de la prise en charge sanitaire, la CPTS du Pays d’Arles a également supervisé la fabrication de masques, la récupération de matériel de protection, et s’est coordonnée de manière active avec l’hôpital. Cette crise a de plus fait prendre conscience de la nécessité de faire évoluer les modes de prise en charge. De nouveaux protocoles de gestion de crise sont en cours comme l’expérimentation de « l’infirmière en pratique avancée » pour suivre en alternance les personnes en pathologie stabilisée et la gestion de crise. Comme le précise Bernard : « cette situation a bouleversé les principes de négociation des projets de santé, et je crois que tout est à revoir. La crise a été très riche d’enseignements pour des conduites à tenir dans le futur. »

En plus de la structuration et de la coordination rapide des actions mises en place face à ce cluster, Bernard Giral constate que la CPTS du Pays d’Arles est devenue une structure de poids dans la prise de décisions face aux services de l’État et aux acteurs sociaux pour faire avancer les choses. L’équipe a pris conscience de l’importance de son rôle pour réagir face à des situations exceptionnelles, un statut qui permet d’agir au-delà du domaine de la santé.

Un ressenti exprimé par Bernard, « un des intérêts des CPTS, c’est aussi d’arriver à coordonner sur le territoire non seulement les professionnels de santé, mais également toutes les instances qui gravitent autour, pour faire face à une crise. C’est quelque chose de très important et dont nous sommes fiers. » La prise en charge des patients a ainsi pu être globale grâce à la communauté qui a su mobiliser et centraliser la coordination. Bernard félicite ainsi les personnes mobilisées, volontaires et engagées dans moment unique. Il salue ainsi leur investissement : « ça redonne de l’espoir à la médecine libérale, pour une évolution positive de la prise en charge du patient, de son suivi, mais aussi de nos conditions d’exercice. »

 

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