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Gagner en qualité d’exercice avec deux fois moins d’énergie !

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Le Dr Renaud Ferrier est médecin généraliste à Cannes depuis 1988. Médecin réanimateur généraliste urgentiste, Renaud est également intéressé par l‘associatif et la question de la formation médicale, il fonde ainsi, dans les années 90, l’Association des Médecins de Cannes . À travers ces engagements, il fait différentes rencontres qui le mènent à l’aventure syndicale pour finalement être élu à la première mandature de l’URPS de Marseille.

Pour Renaud, ses différentes expériences sont d’autant plus enrichissantes qu’elles lui donnent une vision plus large que celle du microcosme d’un quartier, d’une ville, essentielle dans son rôle de leader d’exercice coordonné :  « Entre ça et l’exercice mixte hospitalier privé et libéral, installé en ville, d’abord seul, puis en association, ça m’a permis de voir beaucoup de facettes du métier et de développer une vision différente de l’exercice de professionnel de santé, de sortir la tête du guidon. »

Quand il entend parler des CPTS, il exerce déjà dans un cabinet en centre-ville de Cannes avec 5 autres médecins.  Et Renaud Ferrier n’est pas homme à laisser agir à sa place. Aussi, à l’arrivée des modifications réglementaires et législatives, il décide de prendre les devants pour mettre en place une structure, recherchant le format adéquat à son équipe.

« Le raisonnement c’est : soit on prend les choses en main pour structurer un tournant inédit dans le mode d’organisation de la médecine, qui sera de toute façon difficile à éviter, soit on subira les événements. Mieux vaut prendre le train en marche dès le début. »

Dans le public médical, selon les mots de Renaud, de nombreuses idées circulent sur les CPTS, « c’est encore un montage de l’ARS » ou encore « nous deviendrons des salariés à la botte des institutions… ». Pour lui, le challenge est donc justement de démontrer l’inverse et de faire comprendre à ces personnes sceptiques qu’il y a ici, non un risque de perdre son indépendance, mais au contraire une opportunité de proposer un cadre pour s’autonomiser. Et de préciser : « L’idée, c’est de profiter de ces moyens pour montrer à la majorité de la profession comment, en étant connectés entre nous, on devient une force de proposition, ou d’opposition beaucoup plus conséquente. »

Jusqu’à maintenant les médecins et les professionnels de santé sont extrêmement peu syndiqués et malheureusement peu collectifs dans leurs actions. Mais avec son regard syndical, Renaud est bien convaincu que s’il y a des intérêts à défendre, il est plus facile le faire en commun.

Aujourd’hui, la CPTS qu’il préside est celle du Pays de Lérins qui comprend les communes de Cannes du Cannet, soit environ 180 000 habitants et un peu plus de 900 professionnels de la santé : pharmaciens, médecins biologistes, infirmières, kinés, podologues, sages-femmes, médecin de premier recours et de second recours.

Pour lui, la crise sanitaire de ces derniers mois est un cas concret qui prouve les bienfaits des structures comme celle de Lérins :  « La crise du coronavirus a justement mis en exergue 2 choses : d’une part les libéraux peuvent s’organiser très vite sans l’aide de l’ARS ; et d’autre part, les libéraux représentent un maillage, une couverture du territoire, pour des actes simples qui pourraient être d’une efficacité redoutable et ne sont pourtant pas exploités par les pouvoirs publics. »

Pour Renaud, la force ici des libéraux c’est leur pragmatisme contrairement aux « hautes sphères » qui n’ont pas la vision ni l’expérience du terrain. Les CPTS doivent être force de proposition et d’organisation, notamment pour faire face le jour où une situation exceptionnelle comme celle récemment vécue se présente. L’intérêt de travailler ensemble est de pouvoir solutionner un problème. Comme le disent l’adage et Renaud : « l’Union fait la force, c’est comme ça que je vois les choses. Sinon ça ne sert à rien. »

Avec l’impulsion de l’URPS ML PACA, qui dirige et anime activement la dimension de réflexion collective au bénéfice de l’exercice individuel, le Dr Renaud Ferrier y voit un bel avenir pour les CPTS : « Les bénéfices en termes de gain de temps qui permettront de faire émerger de nouvelles idées, structures novatrices. L’objectif essentiel d’une CPTS c’est de permettre de faire le même travail pour deux fois moins d’énergie. De gagner en qualité sans se bousiller la vie. C’est l’optimisation de notre outil de travail. »

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