Passer de la prévention primaire à la prévention ciblée grâce aux CPTS

Dr Wilfrid Guardigli est médecin généraliste dans une maison de santé depuis 6 ans. Convaincu du bénéfice des CPTS dans la prise en charge du patient, il voit dans ces structures l’opportunité de mener des actions de prévention auprès des patients.

Rapidement intéressé par la dimension collective que propose l’exercice coordonné, le Dr Wilfrid Guardigli décide, il y a 6 ans, de créer une maison de santé. Il précise : « ce qui m’a attiré dans l’exercice coordonné, c’est de pouvoir travailler ensemble. Le partage d’expérience est pour moi une source de bonheur précieuse et cela a complètement changé ma vie de ne plus être isolé pour exercer. »

Installée sur un vaste territoire comprenant la Seyne-sur-Mer, Saint-Mandrier-sur-Mer, Ollioules, la partie ouest de Toulon et Le Revest-les-Eaux, la structure où il exerce fait maintenant partie d’une CPTS de taille 3 pour 168 000 habitants, qui abrite 1 600 professionnels libéraux. À la diffusion du plan Ma Santé 2022, Wilfrid perçoit le moyen d’aller plus loin sur un sujet qui lui semble essentiel et pourtant insuffisamment exploité : la prévention.

Selon lui, si le soin est essentiel, la prévention doit prendre une part plus importante dans la santé, et le généraliste a un rôle a jouer : « la prévention doit passer par le médecin traitant, parce qu’il est écouté. La prévention primaire est beaucoup plus efficace que les campagnes menées par les autorités sanitaires à grand coup d’affiches dans le métro.»

Au « travailler ensemble » s’ajoute pour Wilfrid, à travers la CPTS, la possibilité de pouvoir lancer, porter et déployer de véritables projets de Santé Publique. Par une diffusion facilitée auprès des médecins du territoire, la CPTS permet à ses projets de changer d’échelle et de s’adresser directement à la population.

Et pas que ! En plus du dialogue, de l’échange et du partage, la structure a également été partie prenante dans la conception d’outils pédagogique. Et le médecin de citer quelques projets aboutis :

• Gluciboat, un outil d’éducation thérapeutique adressé aux patients diabétiques de type 2 pour les aider à mieux comprendre et gérer leur pathologie, tout en étant suivi à distance par leur médecin ;
• Élaboration d’un guide à l’usage des médecins libéraux sur l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Cette publication les aide à alerter leurs patients sur les dangers et fournit un carton préventif à transmettre aux parents ;
• Cycle de formations à la tabacologie pour les médecins afin qu’ils accompagnent mieux leurs patients vers l’arrêt.

Au-delà de la concrétisation de ces projets, la crise de la Covid-19 a largement permis de démontrer l’efficacité et la pertinence des CPTS.

Au début de l’épidémie, la CPTS du Dr Guardigli était en phase d’élaboration de son projet de santé. Aussi, les professionnels de santé avaient déjà commencé à se coordonner et ont ainsi pu plus facilement faire face, et ce de manière efficace, à la crise. Infirmiers, médecins, établissements hospitaliers publiques et privés partenaires (Cap d’Or, Malartic, l’hôpital Sainte-Anne, et hôpital de La Seyne) ont immédiatement répondus à l’urgence et ont trouvé des solutions ensemble.

« Nous avons répondu présent avec une absence totale de moyens. Ça signifie qu’il y a eu beaucoup de généreux donateurs issus du privé qui nous ont fournis en matériel. En période de rupture de masque les cliniques privées nous ont permis d’être livrés en 15 jours ! »

Sa communauté a également obtenu le soutien et l’aide d’acteurs locaux notamment ceux des municipalités du territoire. Aujourd’hui, entre son adaptabilité et son poids politique, la pertinence des CPTS n’est plus à prouver selon le Dr Guardigli.

« Tout ça a resserré les liens que nous avions, et c’est bien la preuve de la pertinence de l’outil, car en plus de sa réactivité, cette équipe a prouvé son adaptabilité et sa capacité à mobiliser. La pertinence de la CPTS, c’est de réunir de façon volontaire des gens qui n’avaient jamais travaillé ensemble. »

Plus besoin d’arguments pour mobiliser ses consœurs et confrères à rejoindre sa structure. D’ici deux ans, Wilfrid est convaincu que les CPTS deviendront un élément incontournable de l’exercice des libéraux.